Dollfus, Mieg, Lalance, Steinbach … Des noms synonymes d’un riche passé industriel de Mulhouse. Ces industriels, qui ont marqué l’essor économique de Mulhouse, ont également laissé un autre témoin de leur activité : un témoin “naturel” sur les hauteurs de la ville mais dont beaucoup ignorent l’origine, “le parc du peuple”.
Les industriels mulhousiens du XIX ème siècle avaient des familles nombreuses. Leurs fils étaient envoyés dans le monde entier pour parfaire leur apprentissage, promouvoir les productions de savoir-faire Mulhousien.
Des voyages qui leur ont fait découvrir d’autres modèles de vie et qui sont venus enrichir les réalisations philanthropiques mulhousiennes, et parmi elles, les parcs qu’ils ont construits pour eux-mêmes et leurs ouvriers. En effet, ces voyages qu’ils effectuent pour des raisons professionnelles ont fait grandir en eux l’idée d’accorder à la nature une plus grande place dans la ville de Mulhouse.
En 1790, on dénombre à Mulhouse vingt-six fabricants de coton, dont dix-neuf imprimeurs. Ainsi, Mulhouse va devenir “le Manchester français”.
On distingue dans Mulhouse trois sortes de jardins. Chaque catégorie de jardin a sa mission, et est destinée à accueillir une certaine classe sociale. Certains étaient des jardins privés construits par les industriels pour leur plaisir, dans une volonté esthétique. Les autres étaient des jardins ou parcs publics, mis en place dans un but éducatif et culturel.
On constate aussi que, ces différentes sortes de jardin ne jouent pas le même rôle en fonction du public qu’ils accueillent.
Les trois "familles’’ dans lesquelles nous pouvons placer chacun des parcs mulhousiens sont :
- celle des jardins philanthropiques
- celle des jardins d’usines
- celle des jardins d’industriels créés par eux et pour eux-mêmes
La cité ouvrière, un autre signe de l’importance de la nature pour les patrons du XIXème siècle
La conception de la cité est née en 1854. Les grands industriels textiles ont construit cette cité et sont allés ensuite s’installer dans les villas, par exemple la villa Mantz, dans l’actuelle rue Clémenceau.
A chacune de ces maisons de la cité est associée un jardin privatif. La taille des maisons était d’à peu près 54m² et celle des jardins de 120m². Dans chaque jardin était planté un tilleul, symbole du calme et de la sérénité. Pour les industriels, le jardin était encore plus important que la maison. D'après eux, un ouvrier vivrait sainement s’il avait un jardin et cultivait son potager. La fonction du jardin est de rendre plus agréable la vie de l’ouvrier. Au départ, les jardins privatifs des maisons de la cité ouvrière étaient d’abord des jardins utilitaires (avec des fruits, des légumes …). Il s’agissait d’une conception utilitariste, au sens de l’éducation. Ceux qui détenaient le pouvoir souhaitaient que leurs ouvriers soient éduqués au sens de l’art, et qu’ils ne soient pas alcooliques. En effet, si l’ouvrier a de la verdure autour de lui, des parcs, il mènera une vie plus saine.
Du côté des travailleurs, dans les années 1920, de nombreux ouvriers s'adonnaient au jardinage, devenu une véritable institution sociale dans la mesure où il servait à la fois de distraction et d'activité rémunératrice de complément. En 1931, plus de 3000 familles exploitaient un petit jardin. Au plus fort de la crise, 40% des chômeurs au moins eurent le bonheur de pouvoir cultiver un petit lopin de terre en ville ou dans les faubourgs.
Pour ceux qui n'avaient pas la chance d'avoir un jardin privatif, les usines s'en occupaient parfois : des milliers d’ouvriers ont été exploités dans la grande usine DMC de Mulhouse. Au début du XIX ème siècle, un jardin d’agrément a été mis en place pour promouvoir l’image de l’usine. Beaucoup de platanes ont été plantés. Cette ancienne usine était constituée de plusieurs parties : un réfectoire, ainsi que le jardin du réfectoire, un plan d’eau… Seule une petite partie de ce jardin a été conservée. Les jardins des patrons des usines DMC étaient des jardins à l’anglaise privatifs, dans le quartier de la Société Industrielle, près du Square de la Bourse.
Le conservatoire botanique de Mulhouse, le lien entre le passé et l’avenir
Au fil des années, les usines ont disparues, et Mulhouse la "ville aux 100 cheminées" de la fin du 19e siècle est devenue une ville fleurie que l’on pourrait qualifier de "ville aux 100 jardins". Dans ce contexte, la nécessité de sauvegarder et de protéger les espèces végétales est devenue fondamentale, ce rôle incombe au conservatoire botanique de Mulhouse.
Nous allons par l’exemple de plusieurs parcs importants de la ville essayer de comprendre la place importante des parcs dans le patrimoine de Mulhouse.
D’autre part, nous allons analyser les moyens mis en œuvre pour sauvegarder le patrimoine végétal. Puis à travers quelques exemples nous allons découvrir des espèces protégées en Alsace.